Comment prévenir les infections respiratoires chez les seniors ? Les conseils du Pr Anne Bergeron-Lafaurie, pneumologue dans le Service de Pneumologie de l’Hôpital Saint Louis (APHP), membre du groupe pour la recherche et l’enseignement en pneumo infectiologie (GREPI) de la SPLF.
Pour les personnes de plus de soixante-cinq ans et encore plus pour les sujets plus âgés il existe différents moyens pour se protéger des infections respiratoires :
• Se faire vacciner contre la grippe chaque année dès l’âge de soixante-cinq ans et plus tôt en cas de comorbidités (maladie respiratoire ou cardiaque par exemple).
• Les seniors présentant des comorbidités doivent bénéficier d’une vaccination anti-pneumococcique selon le nouveau calendrier vaccinal (une première injection de vaccin conjugué puis une injection de vaccin poly osidique au moins deux mois après).
• Deux règles d’hygiène sont essentielles pour éviter la grippe et les autres virus respiratoires: porter un masque et se laver fréquemment les mains avec une solution hydro alcoolique en présence de personnes enrhumées, notamment les petits-enfants.
• Pour les plus âgés des seniors, les pneumopathies d’inhalation sont fréquentes. Pour les prévenir, il est important de maintenir un bon état bucco-dentaire, d’éviter au mieux les fausse-route lors de l’alimentation et d’éviter certaines postures en cas de reflux gastro-œsophagien (plus fréquent avec l’âge en raison du vieillissement du tube digestif).
Médicaments des maladies respiratoires et sujets âgés
L’efficacité et la tolérance des médicaments des pathologies respiratoires chroniques ne sont pas assez connues pour les plus âgés de la population.
Explications du Pr Philippe Devillier, Directeur de Recherche en Pharmacologie Expérimentale et Clinique à l’hôpital Foch (Suresnes).
Que savons-nous des médicaments des pathologies respiratoires chez les personnes âgées ?
Pr Philippe Devillier : « Nous avons peu de données cliniques pour les sujets âgés. Les études cliniques pour les autorisations de mise sur le marché (AMM) sont faites en majorité sur des patients âgés de moins de soixante-quinze ans. Les études AMM font ainsi abstraction d’environ un quart des patients atteints de Broncho -Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO) les plus âgés. En outre, les essais pour AMM écartent souvent les patients présentant plusieurs pathologies, ce qui est souvent le cas pour les patients BPCO, notamment les plus âgés. »
En quoi est-ce problématique ?
Pr Philippe Devillier : « Nous ne savons pas au-delà de soixante-quinze ans quelle est la tolérance des médicaments ni même leur efficacité pour les pathologies respiratoires, dont la BPCO. Deux exemples : nous avons très peu d’informations sur le risque de rétention urinaire avec les anticholinergiques par voie inhalée utilisée pour traiter la BPCO chez les hommes âgés présentant une hypertrophie prostatique.
De la même façon, il y a très peu d’études sur les sujets âgés présentant des troubles du rythme et traités par les bronchodilatateurs bêta-2. En outre, il est plus difficile d’apprécier l’efficacité d’un traitement d’une pathologie chronique respiratoire chez ces malades les plus âgés – ces derniers ressentant moins la gêne respiratoire que les personnes plus jeunes, car, entre autres, leur activité physique est plus souvent limitée. Dans ce contexte complexe, les risques d’effets indésirables d’un traitement peuvent modifier le rapport bénéfice-risque évalué chez des patients moins âgés. »
Quelle est la solution ?
Pr Philippe Devillier : « Nous nous appuyons sur d’autres données que celles des essais cliniques de médicaments : des études académiques menées par des institutions, des groupes de travail. Mais cela ne suffit pas. Il y a un vrai problème de Santé publique alors que la population française est vieillissante. Il faudrait plus d’études cliniques d’efficacité et de tolérance des médicaments inhalés sur des populations plus représentatives des patients BPCO, voire spécifiquement destinées à la gériatrie. »
Facteurs d’aggravation et d’amélioration de la fonction pulmonaire des seniors
Le vieillissement, on l’a vu, a un impact sur la fonction respiratoire. Les effets du vieillissement sur la fonction respiratoire peuvent être aggravés ou au contraire atténués par certains facteurs associés. Découvrez-les.
Les facteurs qui accélèrent notre déclin fonctionnel pulmonaire
La pollution de l’air et le tabagisme accélèrent le déclin de la fonction respiratoire. Il est en effet montré que l’exposition à des contaminants aériens dont principalement le tabac, mais aussi la poussière de bois, les substances chimiques, se cumule au vieillissement naturel du poumon. Chez ces sujets, le déclin du VEMS est plus rapide que chez les non-fumeurs. Le fait d’être de sexe masculin et l’origine ethnique ont aussi chez ces sujets, un rôle dans l’accélération du déclin de la fonction respiratoire, tout comme l’hypertension artérielle (HTA ou certaines maladies cardiaques). La maigreur ou au contraire l’obésité et la sédentarité accentuent également le phénomène de vieillissement pulmonaire naturel.
articles Fondation du Souffle