Les bébés remuent des nuages de particules quand ils rampent
Des chercheurs ont mesuré le niveau d’exposition des bébés aux nuages de bactéries, et autres particules en suspension sur leur passage. Ces derniers en inhalent une concentration beaucoup plus importante que les adultes, ce qui participe au renforcement de leur système immunitaire.
Vers le 8e mois, un enfant commence à se déplacer et à se tenir debout en s’appuyant, jusqu’à être capable de marcher. Lorsque les bébés rampent, leurs mouvements sur le sol, en particulier les surfaces tapissées, soulèvent des niveaux élevés de saleté, de cellules de la peau, de bactéries, de pollen et de spores fongiques, selon une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’université de Purdue (Indiana, Etats-Unis). Ces derniers affirment que les nourrissons en inhalent une dose quatre fois plus importante (par kilogramme de masse corporelle) que ce qu’un adulte respire en marchant sur le même sol. Mais aussi alarmant que ce constat puisse paraître, l’étude précise qu’il ne s’agit pas d’une mauvaise chose.
« Nous nous intéressons au matériel biologique que le nourrisson inhale, en particulier pendant sa première année de vie, alors que de nombreuses études ont montré que l’exposition par inhalation aux microbes et aux particules porteuses d’allergènes joue un rôle important à la fois dans le développement et la protection contre l’asthme et les maladies allergiques », explique Brandon Boor, principal auteur de l’étude. Les scientifiques ont déjà fait des études pour déterminer la quantité de matériel biologique qui est expulsée et remise en suspension dans l’air lorsqu’un adulte se promène dans un espace intérieur, mais il s’agit de la première étude qui examine ce qui se passe avec les bébés quand ils se déplacent.
Des sols propres, mais pas trop
Ainsi, les chercheurs affirment qu’au fur et à mesure que les bébés roulent, glissent et rampent sur le sol, leurs mouvements soulèvent plus de particules dans l’air, tandis que leurs bouches et narines se situent près du sol, là où les concentrations sont plus grandes. Pour étudier la quantité de substances que les bébés respirent, l’équipe de recherche a construit un robot rampant et l’a testé : celui-ci s’est déplacé à quatre pattes sur des échantillons de tapis qui provenaient de plusieurs maisons. Elle a mesuré et analysé les particules biologiques dans la zone dédiée à sa respiration et enfin, une analyse ADN de tous les microbes recueillis sur des filtres a été menée par des spécialistes en microbiologie.
Les chercheurs ont découvert que les concentrations de particules autour des bébés, au sol ou en légère suspension, peuvent être jusqu’à 20 fois plus élevées que le taux de particules présentes plus haut dans l’air de la pièce. Une vraie « tempête de poussière », alors que l’organisme des bébés est fragile. « Pour un adulte, une partie importante des particules biologiques est éliminée dans le système respiratoire supérieur, dans les narines et la gorge. Mais les très jeunes enfants respirent plus souvent par la bouche, et une fraction importante est déposée dans la région trachéo-bronchique et pulmonaire. Les particules arrivent aux régions les plus profondes de leurs poumons », ajoute le chercheur.
S’il est important de nettoyer très régulièrement ses sols quand bébé ne sait pas encore marcher, les chercheurs soulignent qu’il ne faut pas que ces derniers soient excessivement propres. La raison tient à « l’hypothèse de l’hygiène », selon laquelle un environnement trop propre peut inhiber le développement du système immunitaire. « L’exposition à certaines espèces bactériennes et fongiques peut entraîner le développement de l’asthme, mais de nombreuses études ont montré que lorsqu’un nourrisson est exposé à une grande diversité de microbes à une concentration élevée, il peut présenter un taux plus faible d’asthme plus tard. Ces expositions agissent pour stimuler et défier votre système immunitaire », conclut-il.
article Fondation du Souffle